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Bachar la mérite

Bachar El Assad mérite sa légion d’honneur

 

Pour ses exploits militaires et sa politique nationaliste, le président syrien a été récompensé par Chirac du rand de Grand Officier de la Légion d’Honneur. Macron veut lui enlever non pas parce que Bachar ne la mérite plus mais simplement parce que Macron est inculte et ignore tout de l’origine de la Légion d’Honneur. Macron est loin d’être un historien et il manie l’Histoire de France un peu à sa manière autoritaire et lui fait dire ce qui lui convient.

Or retirer cette haute décoration au tyran syrien, c’est ignorer pourquoi elle a d’abord été créée.

Le 19 mai 1802, le consul Napoléon Bonaparte proclame un décret qui institue une haute décoration pour « services éminents » apportés par les militaires de ce qui deviendra la «  Grande armée ». Au départ cette récompense était accordée aux soldats et officiers qui, au combat, avaient fait preuve de courage et d’élan. Elle comportait quatre niveaux : légionnaire, officier, commandant et grand officier, ces deux dernières surtout pour décorer des hauts gradés.

Le 15 juillet 1804 la première remise par Bonaparte est faite pour des «  Officiers méritants ».

Le 16 août 1804, seconde remise de la décoration à de hauts dignitaires au camp de Boulogne ( où était préparée l’invasion de l’Angleterre)

Depuis elle a été donnée à raison et à tort, aux «  méritants » et aux crapules, dictateurs. Pour rafraichir la mémoire, Poutine, Noriega, Franco l’ont reçus de la France pour «  services rendus à notre patrie » ! Quels services ? Là-dessus les autorités ne s’étendent pas.

Mais elle est aussi de plus en plus contestée et a connu de nombreux refus : Albert Camus, Jean Paul Sartre, Georges Brassens entre autres.

« Ce ruban malheureux et rouge comme la honte » chantait Léo Ferré ou d’une manière plus ironique de la part de Coluche qui déclarait : «  "Si on voulait me donner la Légion d'honneur, j'irais la chercher en slip pour qu'ils ne sachent pas où la mettre".

Déjà à l’époque de Bonaparte, des législateurs s’en moquaient en traitant la légion d’honneur de «  hochet « ce qui fit réagir Bonaparte, en conseil d’État : « Je vous défie de me montrer une république, ancienne ou moderne, qui sût se faire sans distinctions. Vous les appelez les hochets, eh bien c’est avec des hochets que l’on mène les hommes. »

Donc la breloque que l’on mettait devant le nez des grenadiers et des voltigeurs les faisait envahir toute l’Europe.

Il suffit d’enseigner cette période de l’Histoire de France à des étudiants anglo-saxons ou espagnols, ce que je fis personnellement pendant plus de trente ans à l’étranger pour comprendre bien vite que notre version des faits ne correspondait pas du tout à la leur.

«  The French Fuhrer » l’appelle le Daily Mail qui continue : «  Napoleon’s génocide on par with Hitler »

Napoléon a été un modèle pour Hitler et ce dernier l’admirait.

Quels crimes avaient alors commis les troupes napoléoniennes ? Rien qu’à lire les témoignages en Espagne, au Portugal, en Italie des victimes de la Grande armée, on comprend pourquoi alors on doit laisser la Légion d’Honneur à Bachar : ses atrocités valent celles de notre armée de 1802 à 1815.

De Lautréamont disait : «  C’est comme la légion d’horreur lorsqu’elle devient légion d’honneur, il ne faut pas oublier ces légions romaines ( Grande armée) qui commettent tant de crimes sur les champs de batailles, toutes ces horreurs de la guerre avant d’être de l’honneur qui n’aime pas regarder ses origines. »

L’art s’est même emparé de ces massacres. L’exemple le plus vivant et compromettant est le tableau de Goya : «  Tres de Mayo » 1814 qui traduit l’exécution de combattants espagnols par les soldats français. Ces derniers ne faisaient que suivre les consignes brutales de Joachim Murat, Grand Aigle de la Légion d’Honneur et Maréchal de France mis à la tête d’un pays volé, le Royaume de Naples. «  Pour chaque soldat français tué, nous fusillerons dix civils espagnols ». Bachar n’a pas encore envahi et pillé une grande partie de l’Europe donc n’a pas encore atteint le degré d’atrocités des troupes françaises !

Le 7 juin 1808, le témoin Ramirez de las Casas Deza écrivait : «  Les dix premiers jours où les Français étaient à Cordoue, ils ne s’occupèrent que de piller, voler, boire et se livrer au brutal appétit de la sensualité ( viols) »

En Calabre, 1806 : massacres, têtes tranchées de civils, hommes , femmes et enfants, mutilations, viols, anthropophages par les troupes du Maréchal Masséna, Grand Aigle de la Légion d’Honneur. 

Les œuvres de l’«  Ogre Corse » que la France honore encore comme un héros démontrent sans appel que Bachar El Assad mérite bien sa légion d’honneur et qu’il doit la conserver.

Moi-même j’ai failli l’avoir, aussi amusant que cela puisse paraître. En 1986, je fus invité à demander la Légion d’Honneur par Philippe Seguin, alors député-Maire d’Epinal, ce qui semblait une contradiction avec ses propres opinions car il l’avait refusée. Il aurait souhaité qu’elle fût donnée à son père, mort pour la France en 1944. J’étais aussi appuyé par Nicolas Sarkozy, Maire de Neuilly pour les «  services éminents » rendus à la France aux Etats-Unis dans le cadre de la «  classe franco-américaine », programme qui avait remis l’enseignement du français au premier rang devant l’espagnol. Elle me fut refusée ( et à présent j’en suis fier !) car j’avais été condamné en juin 1963 par le Tribunal Militaire de Paris pour insoumission ( refus de partir en Algérie). Pour mon passé militaire, j’étais puni, ce qui prouve que la Légion d’Honneur est restée une récompense militaire. Je serais parti avec mon régiment dans l’Aurès et j’aurais obéi à des ordres odieux de la part d’un capitaine schizophrène de brûler des villages, de fusiller des civils, de violer des femmes et de torturer des combattants, j’avais la Légion d’Honneur !

Alors un bon conseil à Macron, fous la paix à Bachar, sa breloque, il la mérite !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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