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la francophonie mise à mal
la francophonie mise à mal
la francophonie mise à mal

Francophonie en péril

Depuis quelques jours l’exécutif semble se réveiller face à un problème qui existe depuis des décennies : le déclin du français à travers le monde et la mauvaise utilisation de notre langue dans notre propre pays. On entend dire qu’une grande partie des enfants qui quittent la primaire ne savent ni lire, ni compter, ni écrire. A qui la faute ? Lorsque je suis sorti de l’Ecole Normale de Paris en 1955 et ai été nommé dans une école de Ménilmontant, quartier difficile à l’époque, je me suis assuré qu’à la fin du CM2 que je tenais, mes élèves avaient eu assez de dictées, de calcul mental et de lecture pour être pour beaucoup d’entre aux être reçus en 6e au Lycée Voltaire dans le 11e arrondissement.

Maintenant à se demander ce qui se passe dans nos classes ?

Puis m’ayant spécialisé dans l’enseignement du français à l’étranger ( BEL et CREDIF), je suis parti à travers le monde partager ma langue et ma culture avec des milliers d’étudiants. Dans les années 60/80, le français était encore langue principale dans les établissements étrangers devant l’espagnol et beaucoup plus loin l’allemand. Le chinois était pratiquement inexistant dans les cours.

Dés 1975, je lançais un programme unique aux Etats-Unis : la classe franco-américaine au niveau primaire. Le projet devint phénoménal et reçut le soutien de nombreuses personnalités : Président Ronald Reagan, Barak Obama, Hillary Clinton, de nombreux maires et chefs d’établissement dans pratiquement les cinquante états américaines. Du côté français, les politiques soutinrent à fond cette initiative : Nicolas Sarkozy, alors Maire de Neuilly sur Seine, Alain Juppé maire à Paris, André Santini, Philippe Seguin, Patrick Balkany, Jean Médecin.

En six ans, grâce à cette initiative, le français retrouva sa première place dans les lycées américains, remettant l’espagnol à la seconde place. Le programme de langue et de culture françaises toucha et impacta des millions d’enfants des «  Elementary Schools » à travers les Etats-Unis.

Ma retraite le 01 septembre 2001 et 9/11, dix jours plus tard à New York tua littéralement le programme.

Mais pendant ces nombreuses années, cette réussite n’a été due qu’à un homme déterminé qui dut se battre non seulement contre le scepticisme des inspecteurs américains mais surtout contre l’administration française dans les Services Culturels de l’Ambassade de France. Ces attachés, tous hautement diplômés et collés dans des niches administratives extrêmement figées n’ont jamais compris que l’étude d’une langue commence avec des petits. Pour eux leur seul champ d’action était les universités, les clubs de vieilles Américaines riches qui avaient étudié le français dans leur jeunesse. Descendre au niveau primaire était dégradant, inutile et surtout dévalorisait leurs titres et positions.

L’un d’eux d’ailleurs réussit à me faire expulser des services culturels car mes méthodes pour la propagation de la langue et culture françaises, ressemblait plus à du commerce, de la vente, de l’exportation de notre civilisation qu’à un enseignement didactique. Cette commercialisation de la France était à ses yeux indigne d’un représentant de l’Education Nationale.

Mais lui, cet individu qui ne faisait en réalité rien pour son pays, n’était qu’un «  attaché », ligoté à des règlements absurdes et réducteurs tandis que j’étais «  détaché », donc libre d’initier ce que je voulais pour le bien de notre pays.

Dernièrement, lorsque je voulus reprendre du service au service de la francophonie, ce que j’avais fait toute ma carrière, et offrir mon expérience au nouveau Ministre de l’Education Nationale Jean-Michel Blanquer, je reçus une réponse du moins étrange.

Je cite un passage de sa lettre :

«  Soyez assuré de la volonté du ministre de faire du rétablissement de la confiance dans les acteurs du système éducatif un levier d’action au service de la réussite de chaque élève et de l’excellence de l’école de la République. »

Comprenne qui y pourra ! Ce charabia prétentieux n’apportera aucune solution dans le problème de la francophonie. Ce n’est pas avec ce vocabulaire qui sort directement des cours de l’ENA qui viendra convaincre des directeurs d’écoles primaires au fond fin du Montana, du Népal, d’Afrique d’instaurer l’enseignement et l’étude du français dans leur village. Ce style redondant ne vaut rien dans «  la commercialisation du français à l’étranger ». Et ce n’est pas ce type de communication qui fera remonter la cote de notre langue à l’étranger.

En conclusion, la lettre me remercie de mon offre mais non merci, nous saurons mieux faire que vous. Bonne chance pour convaincre autant d’enfants américains que moi à s’intéresser à notre pays !

De plus les budgets des universités américaines baissent pour l’enseignement des langues étrangères et de nombreux lycées qui avaient rendu obligatoires deux années de cours de langues étrangères viennent de les rendre facultatifs. Lorsque cela s’est produit en 1969 dans mon université de l’Iowa, j’ai perdu plus de 30% de mes étudiants qui ont choisi autre chose que le français. Par contre ce fut terrible pour l’espagnol avec plus de 60% de défections et la perte de deux emplois de professeur.

C’est une lutte constante d’essayer d’imposer sa langue et sa culture à l’étranger. Le français est moins bien équipé et plus coriace comme langue à utilisation quotidienne que l’anglais et nous perdons du terrain même en Afrique. En Asie d’après des études approfondies le déclin de la France est évident. L’anglais se montre plus pragmatique et pratique que notre langue dans le commerce, la communication, les nouvelles technologies. Même en France on commence à faire du cocktail franglais dans les médias et les termes usités ( burnout, prime time, smoking gun, etc) deviennent courants dans nos publicités et nos chaines de télé. Je crois que le dernier mot fraçais introduit dans l’anglais est le mot «  dérailleur » ! C’est tout dire de l’impact de notre langue dans le quotidien des habitants de notre planète. Et Macron se vante de passer de 270 millions d’utilisateurs de français à un Milliard dans trente ans ! Mais il rêve et n’a aucune idée de ce que c’est  lui d’enseigner le français. D’ailleurs il n’hésite pas à se servir de la langue de Trump pour faire ses discours. Bel exemple pour défendre notre langue. Trump lui ne fait pas appel au français pour parler aux médias !

C’est un jeu que l’on finira par perdre si l’on ne réagit pas plus. Il faut comme des pères missionnaires envoyer aux quatre coins de la terre des professeurs dévoués qui abandonnent leur comportement de boucher de campagne qui sur le seuil de leur boutique attendent le client. Si l’espagnol nous a dépassé en 1967, c’est que les réfugiés cubains, tous souvent diplômés ( docteurs, ingénieurs, professeurs) se sont lancés dans une campagne brutale auprès des étudiants de collèges et de lycées pour les convaincre de s’inscrire à leur cours. Ils allaient d’établissement en établissement pour rencontrer ces jeunes qui hésitaient à prendre une langue. Les professeurs de français restaient pendant ce temps dans leur palais doré et comptaient uniquement sur la réputation de notre langue comme celle du savoir-vivre, du savoir-faire, du luxe et de la diplomatie pour remplir leurs classes. Et nous avons perdu !

Il faut changer l’attitude de ces enseignants en les rendant plus combatifs, plus humbles et diminuer leur mépris envers ceux qui n’apprennent pas le français et les considérant comme des incultes. Et descendons plus bas : attirer un jeune commence à un jeune âge, c’est ce que nos services culturels ont du mal à comprendre.

Allez Macron, réveille-toi et forme des bataillons personnes dévouées et  prêtes à affronter l’avenir avec pugnacité. Nous ne gagnerons pas avec les méthodes d’antan, l’enseignement à la pépère, cette époque est terminée !

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