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How far can this go ?

 

Jusqu’où peut aller des témoignages de femmes qui clament avoir été sexuellement molestées ?

Comme pour tout mouvement qui se lance, à ses débuts, existent des raisons d’être : paroles qui se libèrent, besoin de faire éclater une vérité trop longtemps contenue, remettre des valeurs de décence et de réhabilitation dans le désordre de la société. Puis devant l’ampleur prise par cette idée dans le grand public, elle peut devenir association et lobby lorsque la puissance de la contestation peut influencer le législatif pour améliorer la situation. Mais elle peut devenir de sociale et morale au niveau politique avec parfois une utilisation abusive de son nouveau pouvoir.

C’est ce qui semble se dérouler aux Etats-Unis avec l’affaire Ford- Kanavaugh.

Dans cette douloureuse confrontation devant la commission du Sénat américain, président par Grassley de l’Iowa, essayons de rester serein et d’être impartial.

J’ai passé toute la journée d’hier , après-midi et soirée, devant la chaine CNN à écouter les témoignages des deux antagonistes :

D’un côté, Dr Christine Blasey Ford, éminente chercheuse et professeure dans la prestigieuses université Stanford en Californie. Son parcours est éblouissant et a été jusqu’à cette semaine, presque incognito. Elle vivait dans l’ombre du monde universitaire, accumulant les louanges pour son travail et ses études.

De l’autre, Brett Kanavaugh, au parcours aussi éloquent que celui de son accusatrice mais à la grande différence de cette dernière, le sien a eu toujours eu lieu en pleine lumière des médias. Depuis 36 ans, Brett suit une carrière brillante dans le monde juridique, depuis le rôle de juge fédéral jusqu’à conseiller à la Maison-Blanche avec G W Bush pendant huit ans. Toute la presse avait suivi cette ascension qui le menait aux portes de la Cour Suprême.

Nous voyons donc que nous n’avions pas à faire avec des «  voyous », des «  Bons à rien » et que nous entrions de plein pied dans l’univers élitiste des Etats-Unis, ce qui rendait ces témoignages encore plus passionnants.

A mon humble avis, chaque témoin a fait preuve d’émotions éprouvantes, l’une accusant, l’autre se défendant.

Voyons en détails ce que ces présentations expliquaient. D’abord l’accusatrice, Christine Blasey Ford venait raconter ce qu’avait été sa tentative de viol lorsqu’elle avait 15 ans un week end dans un country club de la Côte Est, dans un quartier plutôt huppé. C’était il y a 37 ans en 1982. L’un des «  boys » qui l’avaient plaquée sur un lit aidé en ce geste par des camarades puis à moitié déshabillée afin de la violer était nommément Brett Kavanaugh, actuellement désigné après un vote du Sénat comme membre de la Cour Suprême, instance qui faite la pluie et le beau temps juridique et législative de la nation.

Puis Brett qui défendait son honneur et sa réputation pris la parole, elle aussi très émotionnelle au point de l’empêcher parfois de s’exprimer calmement.

Au cours de ce dialogue avec les membres du Sénat, Christine Blasey Ford a eu deux soutiens fermes, celui des « democrats » qui transformèrent la salle en prétoire pour empêcher l’élection de Kavanaugh à la Cour Suprême. Au lieu de questionner le Dr Ford, chacun et chacune à tour de rôle lui ont offert un encouragement sans faille à témoigner et à la féliciter d’avoir eu le courage et l’héroïsme d’être présente à cette confrontation. C’était une pommade que lui passaient les adversaires acharnés de Trump donc de Kavanaugh. On était loin d’une justice sereine mais en plein débat politique, les «  Republicans » contre «  les Democrats » et non l’honneur d’une femme contre celui d’un homme. Tout l’entretien a été faussé de part et d’autre par l’évidente attaque politique.

Revenons aux faits ce qui est le seul moyen d’y voir clair et d’en tirer une conclusion.

Tout le long de son plaidoyer, Christine Blasey Ford a ponctué ses réponses par des «  No Memory of it » ou «  I can’t remember », ce qui montre que ses souvenirs étaient flous sinon effacés. Les questions reprises par Kanavaugh, comme procureur de métier, étaient simples et directes pour élucider cette soirée de lycéen.

Brett Kanavaugh avait 17 ans, un « junior at High School » équivalent de première en France. Elle était encore au collège.

Reprenons l’incident point par point :

Kanavaugh pose la question : comment Christine était-elle venue à cette soirée, à quelques 20 minutes de chez elle en voiture puisqu’elle n’était pas en âge de conduire ( 16 aux Etats-Unis) et qu’elle n’avait pas de voiture ? Or 20 minutes de voiture représentent 20 kms soit près de trois heures à pied.

Réponse de Christine : «  je ne m’en souviens plus.

Comment, après cette agression sexuelle, était-elle rentrée chez elle ? Réponse «  I don’t remember ».

Adresse de la maison où avait lieu la soirée ? «  Don’t remember « .

Date de l’incident ? «  No recollection »

Qui étaient à cette «  party » ? Christine cite quatre noms en insistant sur celui de Brett. Elle dit même «  Certain à 100% that it was Brett Kanavaugh » et le répète plusieurs fois.

Les témoins nommés ont tous déclaré ( trois garçons et un fille) à la FBI et à la commission sénatoriale qu’ils n’étaient pas à une soirée comme celle-là et qu’ils n’ont jamais été témoins d’une telle scène. La FBI d’ailleurs dans son rapport n’a vu aucune preuve de cette soirée.

Pourquoi avoir révélé ce grave incident 37 ans après et seulement quelques jours avant la nomination de Brett à la Cour Suprême ?

La réponse laisse pantois : «  That was my civic duty to be assured that Kanavaugh would not be chosen for the Supreme Court ! » ( C’était mon devoir de m’assuer que Kanavaugh ne serait pas élu à la Cour Suprême !)

L’aveu n’est pas de défendre son honneur mais jouer le rôle d’une Jeanne d’Arc de dernière minute pour sauver la vertu de la Nation.

C’est pourquoi que la réaction des Américains est très mitigée et basée sur leurs opinions politiques. De plus intervient un autre facteur important : peut-on utiliser un tel incident à des fins politiques ? Comment peut-on croire une femme qui sort de l’ombre 37 ans plus tard avec de vagues réponses et une semaine avant un choix capital pour la Cour Suprême.

D’ailleurs il a suffi d’écouter la Sénatrice Feinstein, «  democrat «  de l’Etat de Californie pour comprendre le but du parti démocrate. Elle a déclaré avoir reçu la lettre dénonciatrice de Ford au début juillet mais qu’elle n’a rien fait sinon la faire publier par le journal ennemi numéro un de Trump, le Washington Post et d’attendre 10 jours pour que l’annonce s’imprègne bien dans la tête du peuple américain de qui était Kanavaugh avant de contacter la FBI pour une enquête préliminaire.

D’ailleurs Kanavaugh n’a pas mis longtemps pour lui remonter les bretelles et lui dire que ce qu’elle avait fait était une honte pour la République. Feinstein s’est faite toute petite et n’a pas répliqué. Il en a été de même pour les autres «  Democrats ».

En conclusion, à la fin des témoignages et des questions des Sénateurs, il y avait un malaise certain pour savoir si «  ce cirque » ( Kavanaugh dixit) avait servi à grandir la valeur de la République. Les commentaires dans les médias, correspondaient exactement au clivage Democrat/Republican. Cnn prenait la tête pour dire que le témoignage de Ford avait été puissant et que celui de Kanavaugh, flou et déconcertant. Fox avait une autre manière de juger.

La nomination est entre les mains du Sénat où les Republicans » ont une voix d’avance.

Alors votez que l’on tourne enfin cette page misérabiliste de l’histoire américaine. Mais une question subsidiaire retient l’attention : cette comédie d’un jour a-t-elle desservi le mouvement «  Me too » qui défend la cause des femmes ou lui –t-elle apporté un nouvel élan ? La réponse va être à moitié politique et à moitié sexiste, opposant encore plus hommes et femmes !

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