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What's going on in America ?
What's going on in America ?

What is going on in America

 

Comme à la roulette, on peut dire «  Rien ne va plus », les jeux sont faits. Une fois les mises jetées sur la table d’un casino, les cartes battues, tout se fige.

C’est l’impression que de plus en plus d’Américains ont de leur société. Nous retrouvons la même approche en France.

On peut alors distinguer deux catégories sociales de plus en plus prononcées : ceux qui prospèrent, ceux qui possèdent et qui sont considérés comme des «  Premiers de cordée » et ceux qui ont échoué et qui n’ont rien, ceux que Macron appellent les «  Bons à rien ».

Le désenchantement est énorme aux Etats-Unis surtout pour la génération qui suit les babyboomers, les travailleurs qui ont animé les «  Trente Glorieuses » qui maintenant bénéficient d’une retraite aisée et d’un patrimoine important.

Or à l’heure actuelle, la différence de classes et de niveaux de vie ne fait que s’accroitre. Dans les années 50, aux Etats-Unis, on savait que 94% des enfants auraient un niveau de vie supérieur que celui de leurs parents. Or des études montrent qu’en 1984, ce pourcentage était de 50% et en 2014 moins de 40%. Le choc est perçu comme un déclin et un système de promotions bloqué par la politique économique et sociale du gouvernement. D’après de nombreux sondages, les employés pensent que le renforcement des lois n’a fait que favoriser les innovateurs, les spéculateurs, les banques et les actionnaires.

D’ailleurs l’ «  Economic Policy Institute » indique que la classe moyenne décroit : en 1971, elle comprenait 61% de la population adulte mais en 2015, elle était tombée en dessous de 50%, beaucoup de familles ayant chuté dans la pauvreté.

La question est posée : pourquoi dans ce pays riche, au remarquable potentiel industriel innovateur, les autorités ont permis cette division entre pauvres et riches, ultra riches. Les jeunes qui inventent, prennent des risques, et marchent sur des terres inconnues méritent, d’après les experts économistes et les décideurs de lois ( Congrès et Sénat) ce soutien car ils réussissent à créer une fortune personnelle et donc des emplois comme Bill Gates  ( Microsoft) ou Zuckerberg ( Facebook)  qui méritent amplement leur fortune et leur notoriété.

Former une «  start-up » est encouragé et de nombreux moyens sont mis en place ( banques et soutiens financiers privés, (ceux qui souvent misent sur la table et espèrent toucher le jackpot sous forme de dividendes) pour les aider et guider dans leur entreprise.

Dernièrement Trump aux Etats-Unis et Macron en France ont fait de cette doctrine leur politique. Les baisses d’impôts sont massives d’abord pour les entreprises pour relancer l’économie et créer des emplois mais aussi pour récompenser les moteurs de la prospérité.

Malheureusement d’après des études, l’équilibre de faire prospérer tout le monde ensemble, classe ouvrière, employés fédéraux et artisans indépendants est faussé depuis plusieurs décennies. Les «  Protected » ( protégés, privilégiés) en Amérique voient leurs revenus annuels passer de 53 000 dollars en 1975 à 15 millions de dollars en 2015 tandis que les salaires des classes moyennes grimper beaucoup plus lentement, de 46 000 à 1,5 million de dollars. La différence a explosé : plus de 13 millions de dollars en trente ans !

C’est ce qui compose le système de la «  méritocratie » cher à Trump et à Macron. Seuls ceux qui fournissent de la richesse méritent d’avoir le plus gros morceau du gâteau.

L’exemple du monde des avocats ( lawyers en anglais) aux Etats-Unis est frappant. Le salaire débutant était de 68 000 dollars en 1967 et il est maintenant à 180 000 dollars en 2017. Cela apporte une manne financière qui alimente une armée de lobbyistes qui ont pour mission de défendre uniquement les intérêts des «  privilégiés ». En 2 000, la dépense moyenne pour convaincre les candidats aux élections était de 4,3 millions de dollars par élection. Elle est passée en 16 ans ( 2016) à 6,4 millions de dollars d’où pression très grande pour les candidats de refuser les lois qui favoriseraient les classes moyennes et qui ne bénéficieraient pas aux «  richs ».

Le nombre de ces firmes qui financent les élections est passé de 175 en 1971 à 7 700 en 2016 d’où une armada de collaborateurs qui étouffent la démocratie aux Etats-Unis.

Nous assistons aussi bien en France qu’aux Etats-Unis à une débâcle du système démocratique qui visait à maintenir sinon réduire le fossé inégalitaire entre classes sociales. En un mot, les riches deviennent de plus en plus riches tandis que les pauvres s’enfoncent dans la misère, le chômage et la désespérance tant pour eux que pour leurs enfants.

Un tableau récapitulatif du magazine «  American Lawyer » indique clairement l’évolution de cette catastrophe économique : En 1975, les 10% du bas de la société passait 12 K ( OOO) dollars à 14 K en 2016. 2K $ d’augmentation.

La classe moyenne 80% passait entre 1975 et 2016 de 48K à 59K soit 11K $ de plus.

Les 10% supérieurs montaient de 106K à 171K et le 1% sautaient de 130K à 225 K soit une croissance de 95K.

Dans la vie quotidienne, les Américains à leur échelle, ressentent une forte amertume de voir les riches devenir plus riches et pour eux stagner à un niveau inadmissible vu la poussée de la prospérité.

Pourtant la politique économique et sociale était déjà bien exprimée dans les communications de Hollande puis de Macron. Les Français, aux dires de Macron, sont jaloux de la réussite des uns et c’est ce qui cause les frictions entre ceux qui ont et ceux qui n’ont rien. Il s’agit alors de montrer à tous ces manifestants et mécontents que le seul chemin vers la richesse est sa propre initiative d’imaginer son propre business et de profiter de son succès. Dans Caltecor 5127 publié en 1078, l’auteur indique qu’en 2030 les ¾ des jobs seront créés par les individus eux-mêmes et pas venant d’entreprises. D’où les mesures prises d’abord par Hollande de réduire les impôts sur les sociétés pour encourager les chefs d’entreprise à investir partie de leurs bénéfices pour rendre leur outils de travail plus compétitif, situation due à la mondialisation et que beaucoup de Français refusent de comprendre. Ce n’est pas en fermant les frontières du pays et bloquer les initiatives personnelles que l’on partagera les fruits de la prospérité.

La «  méritocratie » a remplacé l’aristocratie d’autrefois. Si l’on s’en sort bien dans la vie c’est qu’on le mérite. Ce n’est plus une question de «  bonne naissance » mais celle d’une «  bonne initiative ».

Encore un exemple personnel quoique j’entende déjà les hauts cris de certains lecteurs qui vont crier au crime social.

En 1976, aux Etats-Unis, comme professeur dans une université américaine, je constatai le déclin de l’enseignement du français au détriment de l’espagnol. Quelque chose devait être fait ! Or je pris le risque de présenter aux systèmes scolaires américains et français «  La classe franco-américaine » qui proposait d’échanger des classes de CM2 et Fifth Grades, après plusieurs mois de cours de langue. Idée farfelue, folle à lier me disaient amis et connaissances. Jamais une famille américaine n’acceptera d’envoyer son gosse de 10 ans pendant l’année scolaire sur la Côte d’Azur ( Nice ou Cannes) et  une famille française de se séparer de leur petite fille pour la voir partir à New York ou San Francisco !

Le risque était énorme car j’avais démissionné de mon poste bien rémunéré  pour me plonger dans l’inconnu. Plus de salaire, plus de sécurité sociale, plus de garantie. 

Le réconfort vint lorsque Versailles accepta de participer et de Cedar Rapids, Iowa aussi. L’échange se mit en route et le succès fut incroyable. De 2 classes, je passai à 6 puis à 12 en trois ans. Enfin j’instituai la limite à 140, soit 3 500 enfants par an qui partaient. Réussite linguistique, réussite financière, réussite pour la France.

Voilà ce dont parlent Macron et Trump qui, eux-mêmes, sont des modèles de réussite.

Evidemment diront les grincheux, ce n’est pas permis à tout le monde de se lancer dans ce genre d’aventure : manque d’audace, à court d’idées, peur de l’échec, raisons multiples avancées pour renoncer.

Mais dans les années 1970/2000 la France semblait paralysée, figée dans un océan de garanties de plus en plus malsaines qui freinaient l’épanouissement de la pensée et de l’invention. Aux Etats-Unis, les créateurs du GAFA commençaient leur société de leur cuisine ou de leur garage, sans un sou, sans  soutiens. Mais l’idée était tellement extraordinaire qu’elle valait le coup d’être tentée et poursuivie avec les résultats que l’on connaît de Apple, Twitter ou Facebook.

Ce sont actuellement les milliardaires qui dominent par leur invention le monde de la communication. J’ai déjà posé la question pour savoir pourquoi ces formidables initiatives n’ont pas eu lieu en Europe.

Il ne faut pas se faire d’illusions : dans la prochaine décennie, l’histoire se poursuivra, entamée il y a vingt ans. Quoique fasse un gouvernement comme la France ( minuscule entité économique et impuissante sans l’Europe unie), rien ne changera à cette avalanche de disparités dans la société.

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