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Bad Wolf

 

Liberté de la presse

 

Ces jours-ci, la liberté de s’exprimer est en danger devant l’intensité des attaques venant des autorités politiques. Souvent les paroles dépassent le véritable objectif de la communication en avançant des rumeurs comme sources d’information. Parfois, ces «  fake news » ( Pourquoi toujours de l’anglais qui pourrait traduire la faiblesse du français ?) deviennent d’authentiques faits d’actualités lorsqu’ils font suite à une recherche profonde de journalistes qui veulent mettre au jour ce que dissimulent les politiques. L’effet peut être dévastateur, ce qui fut le cas de Fillon avec le «  Canard Enchainé ».

Cette liberté, où est-elle la plus vivante ? On pense que c’est en France que l’on peut s’exprimer avec le plus large éventail de moyens : la presse, la littérature, les caricatures ( comme à Charlie Hebdo), les conférences et enfin la diffusion des nouvelles sur les réseaux sociaux.

Pourtant il est une soirée qui peut s’avérer désastreuse quant aux discours prononcés. Elle vient d’avoir lieu aux Etats-Unis avec le célèbre repas de la WHCA dans la capitale, Washington .

C’est une longue tradition qui remonte à l’année 1921, après la WWI. La prestation fut organisée par la WHCA ( White House Correspondents Association) qui regroupaient tous les journalistes accrédités auprès de la Maison Blanche comme représentant les médias de l’époque : journaux et radio. Cette puissante organisation fut fondée le 25 février 1914 et normal à l’époque, ne comptait que des hommes.

Quant au fameux diner, il fut interdit aux femmes jusqu’en 1962 lorsque Kennedy refusa d’y participer s’il n’était pas ouvert aux membres du sexe féminin.

C’est un grand honneur pour le Président et le Vice Président d’être invités sachant pertinemment qu’ils seraient chambrés par les invités souvent des humoristes assez féroces sur la politique. A la fin, les victimes des blagues douteuses pouvaient répondre avec aussi beaucoup d’humour décapant. Ce fut le cas d’Obama qui n’hésita pas à se moquer de lui-même et son action présidentielle.

Le dernier en date a apporté confusion et colère aux Etats-Unis : ce fut l’œuvre d’une humoriste Michelle Wolf ( Qui veut dire Loup et que beaucoup appellent «  Bad wolf », Grand méchant loup !), jusqu’alors inconnue du grand public mais qui profita de l’invitation pour non pas se moquer des membres de l’exécutif mais pour les insulter et  cracher les pires blagues . Beaucoup d’invités furent choqués par la violence et la vulgarité des propos adressés à Trump qui, intelligemment, avait refusé de se rendre à cette mascarade. Ses collaboratrices comme Sarah Huckabee Sanders ( présente pour représenter la WH) ou Kellyane Conway subirent le même barrage d’insanités et Sanders stoïque resta jusqu’au bout.

Que put dire cette comédienne, si critiquée après sa médiocre performance par les politiques et les médias ?

Tous les sujets y passèrent : l’avortement, Trump, ses collaboratrices, les médias ( Fox News, CBS, CNN et les journaux en général).

Quelques unes de ses remarques débordant de haine et de délation :

 

 

Sanders ( Porte-parole de la Maison Blanche) et son maquillage : «  Je pense qu’elle est pleine d’astuces, elle brûle la vérité et elle utilise les cendres pour se faire du mascara et se maquiller les yeux. Peut-être est-elle née avec ces yeux ou peut-être c’est du toc. »

Puis elle la traite « d’Oncle Tom mais pour des blanches qui trompent d’autres blanches »

Puis se tournant vers la presse :

«  Vous avez aidé a créer ce monstre ( Trump) et maintenant vous profitez de lui en vendant vos journaux, vos livres et vos programmes de télévision. »

S’adressant aux hommes qui sont contre l’avortement :

« Vous pensez que l’avortement est un crime mais ne critiquez pas tant que vous n’avez pas essayé vous-mêmes et quand vous aurez essayé alors accusez. Vous savez, vous avez à sortir de toutes façons ce môme de là-dedans. Je sais que vous êtes nombreux à lutter contre l’avortement à moins que ce soit pour vous débarrasser de celui que vous avez fait à votre maitresse ! »

Puis au tour de Trump en parlant de sa fortune :

« Il dit qu’il est «  broke » ( fauché mais aussi cassé) que Southwest l’a utilisé comme l’un de ses moteurs ! »

Explication : un moteur d’un vol Southwest avait explosé en vol tellement la qualité du moteur était douteuse. Wolf indiquait alors qu’à la tête des Etats-Unis, il y avait un moteur défectueux !)  

Puis ce fut Kellyanne Conway sous le tir de Wolf :

« N’ayez plus Conway dans vos programmes de télé parce qu’elle ne fait que mentir. Alors comme dit un vieux dicton : «  Si un arbre tombe dans la forêt, ce serait bien qu’elle soit dessous ! » 

Elle rectifia vite : Pas pour lui faire du mal mais simplement pour  la coincer ! »

Fox News passe alors au grill :

« Fox News est là mais attention vous les femmes : protégez vos boissons ! »

Explications : de peur d’être empoisonné par leur propagande en faveur de Trump.

Sur Megyn Kelly qui avait subi déjà pendant la campagne électorale, une violente attaque de Trump qui lui avait rétorqué suite à une question plutôt épineuse qu’elle devait avoir ses règles pour dire de telles conneries !

« Le père Noël n’est pas blanc, Megyn, il est noir. Mais celui qui remonte dans ta cheminée n’est que Bill O’Reilly ! »

Explication : Bill O’Reilly est un commentateur assez percutant et controverse à la télévision américaine surtout sur Fox News. Proche des Républicans, il a défendu Trump au cours de la campagne électorale. Mais il a été viré de la chaine pour harcèlement sexuel, d’où l’allusion à la cheminée de Megyn !

Enfin coup de massue sur tous les journalistes présents et absents :

«  Vous diffusez des informations 24 heures sur 24 et vous devez alimentez vos programmes. Alors tout passe en boucle : Trump, la Russie, Hillary et des panels comme les vôtres vous demandent de ne pas rentrer chez vous pour Thanksgiving ( la fête de famille la plus importante aux Etats-Unis). Le lait vient de cons comme vous, tout cela à cause des gays.

En réalité vous êtes obsédés par Trump. Avez vous couché avec lui ? Vous faites semblant de le haïr mais vous l’aimez. Il vous a aidé et vous en profitez.

Vous avez aidé à créer ce monstre et vous en tirez votre gagne-pain et vous devriez lui retourner des dividendes car il est fauché !.

Enfin pour terminer, en vrac :

Je suis comme une actrice de porno quand elle fait l’amour avec Trump : Allez terminons vite ! »

«  Je suis là pour raconter des conneries. Je n’ai pas de plan d’accomplir quelque chose. Vous qui êtes au Congrès vous me comprenez ! »

«  Péter sert de sifflet contre le viol ! »

Et le bouquet :

«  Trump a le seul vagin qu’il est interdit de saisir. On est en 2018 et je suis une femme. Vous ne pouvez pas fermer ma gueule à moins que Michael Cohen envoie 130 000 dollars sur mon compte bancaire. »

( Michael Cohen est l’avocat de Trump qui a versé 130 000 dollars à Stormy, une pute pro qui déclara avoir couché avec Trump et qu’il fallait faire taire.)

 

La question que se posent les Américains, suite à ce diner, est de savoir s’il y a des limites à la plaisanterie et aux sarcasmes. Wolf d’après la presse est allée trop loin car elle n’a pas attaqué un programme politique mais des individus sur leur physique ( Sanders) et leur vie privée. Elle a gagné en réputation sulfureuse mais a mis en danger cette soirée exceptionnelle car beaucoup parlent de l’annuler pour l’année prochaine. S’il a lieu, il est évident que Trump et les membres de son cabinet n’y viendront pas, ce qui lui retire sa véritable fonction.

Qu’en serait-il en France ? Or depuis quelque temps, en regardant ce qui se faisait et se disait il y a vingt ans, ce serait impossible aujourd’hui surtout avec Macron. Sa loi sur les «  fake news » vise particulièrement les humoristes, les comédiens, tous ceux qui le critiqueraient ouvertement. Macron ne tolère pas les blagues qui se disent sur lui. Il est austère, n’admet aucun commentaire désobligeant et le fait savoir.

Notre liberté d’expression est menacée et nous le voyons de plus en plus.

 

 

 

 

 

 

 

Don’t blame fame-hungry Michelle Wolf for vitriol, blame correspondents that chose her

 

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